28.12.10

Lèvres ils


L-  Tu es là ?
E-  Oui.
L-  Alors ?
E - Oui.
L - Ces histoires infinies.
E - Il y en a trop.
L - Et puis ?
E-  Je ne sais pas.
L-  Tu ne sais pas quoi ?
E-  Dire presque tout avec presque rien.
L-  Trois mots… vas-y,  je t’écoute.
E-  Je t’aime.
L-  Je t’aime !
E-  C’est simple.
L-  Oui.

(Note de l’auteure.  Il est impossible pour eux de parler plus exactement. Vous aurez surement compris qu’ils sont  amoureux).


24.11.10

de l’autre un

Sous l’eau, nous découvrons la souplesse des roches. Tu deviens très beau. L’homme de grenouilles. Je ne croyais pas réussir à descendre si creux. Le fond du gouffre est lumineux. Le noyau de la mer éclate en milliers de poissons, ribambelles multicolores. Je rêve. Pas de place pour l’angoisse. Le noir existe-t-il ? J’apprends les chronos. Superposer. Monter et descendre les étages, dépressuriser, écrire pour le tuba, danser sous les palmiers. Toute bossa nova. Le soleil, le vent, la mer, le sel, les turquoises du tao. Éternels. 2000 battements de rayons sur le sable violet.

Cadences de vagues. Je courbe sur ton dos. Arrête sur ma peau, secondes de joie, rassemblés sous le ciel imparfait. Être du probable impossible. Là, près de nos os. À ne plus contredire le temps mort. Il ne presse pas. Sortons au ralentit de cette grande pièce vide. Encline à ne plus être de lieu. Sous les grands soleils dominants,  je veux te tisser, entendre ton souffle quand tu passes à traverse.  

19.11.10

orchestration du silence

N’hésitons plus. Nous n’avons qu’à nous conduire à la dérive. S’entraimer. Voltiger. Essayer nos arabesques. Nous étaler sur ce ciel vert transparent, hibou blanc, sapin noir, restes de nuit. Tenter. Au-delà du regard. En nous. Le nombre n’est plus fragile, j’arrime à un apaisement. Tu m’accueilles, une roche s’effrite entre mes zébrures. Je tends ma peau à cet avenir. Loin de ton arbre, l’astre gris redirige ce que tu contiens. Transitaire. À l’inexactitude.

Textures respirées. Roses. Criant chétif aux épinettes toutes pareilles. Forêt rouge. Quartz blanc. D’une terre rocheuse aux racines imparfaites, des pierres oubliées, je ne suis pas née sauvage, ni le suis devenue. J’ai rencontré un cendrillon. Il avait une barbe. Il ressemblait à un mélange d’ours-singe. Les chiens sont trilingues et ils ont des jobs de diplomates. Dans mon zoo, je rêve pacifique.  Je m’invente d’alarmes, cristal de roche. Je décrie être libre. Bouger immobile.  À ce sort de rêve, brutalité de savoir, j’apprends à ne plus prévoir l’impact fatal. Il n’y a pas de finale à la chute.

10.11.10

à l’obscurité de la recherche

Exode. Étire. Prolonge. Je veux ce moment pressentir.  Cet abri de sable, coquillages de larmes, soleil de pluie. Une tortue rouge pâle, tachetée argent. Stop les manœuvres.  Me reposer quelques minutes. Près d’une griffe de roche, conjoncture sauvage. J’aime quand ça gondole,  me détendre sous la boussole. Ne rien craindre.

Recommençons. Sur ces plages possibles, fragments et explosions miniatures, essais de langage, mots-corps, cousus de fils lumineux. Au sol de tes épaules,  je lis ta veine,  je vais à tes seins. Amant de l’est et des entretiens. Croître est une expédition.

Vocalises rugueuses. Coin de loupe. Dictionnaires intégrés. J’ouvre sur le cercle du noyau, les cerises du cerf, la chaine de montagnes céramique. Difficile de garder l’équilibre sur la pointe d’une pyramide. Je me sens dromadaire à Newyork. Femme châssis, fenouil, fleurs de curcuma, antennes de joie, franche des bois, gibbon. Arbre mâle, houppe, implants de données, Demeter ou Parques, loin de Hadès. Soyons pariétal de citrons. La parole a le plancher. Les pensées s’épanouissent. Nos enclos rapetissent. Ils éteignent les étoiles de plus en plus tôt.

24.10.10

la patience des oiseaux

J’ouvre sur ces fragments abandonnés, des pertes que je tente de résoudre. Je crie de partout, les cris ne s’entendent plus. Comment est-ce possible ? S’aimer autant que nous. Ce silence est une apparition. Là, à presque la suite.

Je ne peux pas encore te parler des fleurs. Ça vient de moi. J’ai absorbé ce besoin de. Juste. Être bien. Sentir. Savoir que tu es satisfait. Je veux jouer avec toi sur le toit de la chambre. Cet acte délicat de rapprochement, nos désirs palpables, ne pas soutendre leurs arrêts. Une nuit de lune blanche, avant l’aube, midi ou après la suite des gestes de ce rendre, nous saurons. Ma douceur te sera offerte, tu viendras. Échouer sur mon âge. J’ai envie d’être couverte avant l’hiver.

Je jardine dans la cuisine. Je bois de la terre. Des neiges roses tombent sur le plancher. Tant de pattes pour s’assoir. Je veux me laisser agir. Impossible de me confondre. La peur ? Je ne veux pas qu’elle nous éloigne. La vie est ce regard intérieur, des moments de guérison. Les odeurs descriptibles en un mot, c’est moi, oui, je suis libre. Ne pas m’enfermer dans les émois. Je ne connais pas de fleuves trop rapides. Je ne dois pas étirer ce bonheur. Ne pas penser à l’éloignement. Non plus à ce temps sans toi. Ne pas inventer ce qui serait différent de nous. 

La vie sait.

21.10.10

mirage réel

Tradition classique.Vue sur mer.Vague sous les soleils espiègles.Tu t’affales. C’est toi le lion sur la dune. Le farwest au ralentit. Le désert. Ce mirage en carton. En plus de marcher sur le sable rouge. Arrêtons. Rien ne presse de se rendre à mourir.

Allons vers ces danses oblongues, sur la grève sauvage où les vagues lentes apaisent la peur de rompre. Chaleur de l’eau saline, baiser infini, retransmission parfaite, je te sens border l’escale. Lèvres conforts, bateau, avion, pieds, mains. Mouiller pour ensuite toucher nos terres. Ritualiser. La vie est éphémère. Je me demande d’où provient ce sentiment d’être lié à toi. Interminablement.

Paisible, calme, sage, vieille ? Trop de maintenant à vivre. Initiatique. Ce soir est trop tard. Je ne danserai pas avec les ombres. Les talons de la pluie claque sur la fenêtre. Je m’échappe à notre rendez-vous. Démarre les tapis. Abandonne ta peur, elle sera dissoute. Le bonheur ? Il ressemble à cet orange de juillet.

18.10.10

escale à l'abandon

Vers la grande île s’illuminant la nuit, nous arrivons. Le jeune matin resplendit sous les néons verts de l’autoroute. Demain, les petits fruits étendus sur la plage seront des souvenirs étanches. Les bleuets, coquillages de mains et d’arbustes, mémoires de la nature que nous aurons laissées derrière nous, resteront intacts.  

Je veux te redire lentement ce qui me capture quand tu me regardes. J’aimerais me tendre à la paume de ton édredon, évaporer les derniers songes, découvrir la finale des mots, ceux que tu chantes en murmurant. Pour t’amener jusqu’à moi, je ne prévois rien, pas de plan aux creux de mes bras. Seulement le désir d’être là si là, au sol du fa. Te toucher, te sentir, te rendre plus beau.

Disons-le, cet amour est infini. Viens. Juste à mes hanches, reviens. Ensuite, ce sera à moi. Nous n’aurons plus besoin de parler, seulement entendre le chant satisfait de cet état naissant. Simple et complet. Nous ferons la suite de l’amour. Avant de vieillir, tu me diras oui, me couvriras de la douceur de ton souffle.

Je t’aime en silence, je te patine lentement, sur le café du matin je m’étale. Ta nature se mélange à moi. Il y a des odeurs de chats et de fleuve, des foins séchés, des lumières d’automne sur ta peau cachée. Je veux être la somme de tes pensées extatiques.      


Ne m'invente plus rare.

13.10.10

l’âge des vents

Ce moment est fragile. Libre. Je t’aime. Secrète. Distante. Présente. Lente. Fleurie. Invisible. Blanche. Neutre. Off. Amoureuse. Je ne résiste pas au bonheur. Mon archer. J’émets ces ondes luminaires, broderies de cheveux, escale aux codes de mon dos. Le matin, quand tu dors, je m’approche tout près. Je te dis, apaisée, que la peur  n’a plus lieu d’être. S’épanouir demande du temps. Je t’offre ces murmures, tu les entends, mêlés à ton roi. Cet amour te comble du sentiment complet d’être aimé. Tu te sens mieux. Tendre, immense. Tes mains sens. Sur mon corps. Le paysage rendu à ce désert désiré, vide sable, ocre rouge brulé, infini. Nue. En robe de peau.

Éternel, instantané, disparu, épars. Un aéroport. J’aère. Respiration. Une seconde avant, pendant, seulement, maintenant. Les oiseaux dorment, les avions grondent. Un éléphant. Des fleurs sur le tapis d’asphalte. Ce lieu. Écho où les murmures s’évaporent lentement. Nos pas avancent. J’entends les voix de la mémoire. Je veux savoir ce qui n’arrive pas, connaître le pourquoi des pièges, écouter tes mains posées sur la lune, le chant des pelles et des pierres. Revenir à toi.

6.10.10

hors de nous

Je ne sais pas aimer sans bouger, attendre que ça ce passe. Les choses ne se font pas toutes seules. Pas toujours. Je ne suis pas sage, non, ça ne me ressemble pas ces détournements de conscience. Tu agis sur moi à distance, je le sens, quel mérite pour un homme de l’absence. Quelle chance. J’ai adopté ta passion silencieuse. Nous le savons, tu n’es que le prétexte. Tu existes en plus petit et plus vrai que le fantasme de l’écrivaine. Et l’écrivaine ?  Plus grande que la simple femme que je suis.

Je te fais l’amour sur la petite table rouge de la cuisine. Les fruits dansent dans le panier. Tes yeux se ferment sur ce contre jour, tu connais le langage des mouvements immobiles. J’aimerais m’étendre encore sur ta nuit américaine, m’abreuver de ton odeur. Parviens à mon respire. Abandonnes-toi. C’est si bon de ne plus penser. C’est ta façon d’être médecine.  Je veux t’entendre gémir sous l’effet de ma bouche sur ton sexe. Je veux jouer de mes mains dans ta terre, caresser tes cheveux  fauves. Ne rien demander et ne pas me taire. Je veux être l’eau, la blancheur tachée, te couvrir de mes trésors. Je ne veux pas que tu dérives seul, pour ça, je dois partir du film. Tu as voulu que je sois là.  Comment est-ce possible ? Déjà la fin de cette fable à peine débutée, 

Je veille mon insomnie. Indienne sur le tapis de plumes. Invites moi à tes clefs. Je veux me partager et être encore plus belle, souffler mes airs sur ta peau.  Je veux que tu me savoures, que tu apprennes mon cœur, cartographie mon corps. J’aimerais que l’on reconduise la nuit pour mettre à monde cet amour sans barrières. Je ne veux pas qu’il y est de mais, je ne marche pas au doute, je ne carbure pas à la peur. Et toi ? Quand t’apercevras-tu que les barreaux de ta prison ne sont que tes mains déposées devant ton visage.

4.10.10

session 0000

Note : Beauvoir et Sartre écrivent côte à côte dans un bureau  enfumé. Cette vision à quelque chose d’horrible.

Nos regards échangent des paroles silencieuses. Je suis appelée à tes petites éternités. Tes yeux pénètrent lentement ce désir d’horizon sans faille, j’y suis. J’illumine le destin de croquis infinis, je m’allume telle une star atteignable, un store vertical à l’obscurité inévitable qui se résigne. Dormir. Imprégnés de nos corps.  Inlassablement, nous tremblons entre les heures des matins obscurs. Les couleurs, un dégradé sonore. Je ne suis pas seule à comprendre la langue de ce futur, ce mélange à tes souhaits réalisables. Il m’arrive de te déminer. Tu le veux et j’aime ça. Nous sommes Jésus. 3 chances. Et puis. Après. Ça casse en continuité. On s’en fout. Zoup ! La trinité !

Sur la planète Islande, là où on ne cherche pas  les geysers et les feux condensés, saunas, habitudes et rituels, dimensions pacifiques, ce racontent  des histoires seules, naissent et s’évaporent des brumes incandescentes. En une grande fraction de seconde, les lumières changent. Quelques minutes, je t’invite à ce chant de mots choisis.  Amour inconditionnel.  Détachement.  Regarde la ressemblance qu’il y a entre ton amour du fruit et l’arbre résultat. (Gauvreau au secours) ! Musique !

30.9.10

le carreau cassé

Ainsi, les amours intéressés marchent vers le cimetière d’autos.
Et toi ? Pourquoi me dis-tu ces paroles de nuages ? Tu veux que je m’occupe de ta mort? Que je te tue ?  J’ai du temps à perdre. J’avais oublié. La belle folle que je suis va vivre jusqu’à cent ans?  Tuer est un mauvais mot. Il est défendu de l’utiliser trop souvent.  Sinon, le mot nous rentre dedans et là, là, là… Bouuuuuuuuuuuuu. Ahhhhhhhhhhhhhhhhh !  Je me fais peur ! Ahhhhhhhh !  Je suis effrayée par les psychopathes, les vrais. Je suis rouge et pas chaperonnée. Le méchant loup  me terrorise. AaaaaaHHHHHHH ! Tabarnaaaaaaaaaaaaaak ! Tabarnak est un mot Inuit. 
Tabarnak monte dans le kayac !!!

Je ne sais plus comment écrire. Je suis perturbeurrée, c’est comme ça que ça se dit ? Tu es beurré et perturbé, perturbeurré.  Voilà !

J’ai été marqué par Jackie surtout quand il m’a dit, « Moi, les femmes menstruées,  beurkkkkk !!! »   La lune est toute ronde et pleine, et Jackie, il a un problème et c’est son affaire. Pas de méthode pour vivre. Pas de règlements. Pas rien. No psy fucké. Je me sens en déménagement. Je me sens un mot que je ne comprends pas, je me sens, illettrée. Un long couroir. Obsidienne.

Ne pas parler est une maladie génétiquement  modifiable. 

26.9.10

paroles de peaux

Gravée de joie. Tu me demandes ma couleur. La peau domine. À tes yeux. Nous apprenons à dire. Nos corps resteront-ils. Nous avons entendu les amants de l’aube. Je suis ta réelle. Je ne veux plus inventer dans ma tête. Je te veux libre. La souffrance a prit trop de place. Seulement y penser me hurle.  Les silences ne sont pas que des signes de l’absence. Tu ne veux pas que je sache ce qui te bouscule. Tes cris, je les entends. J’enregistre. Ton absence. Le café à l’eau. Le chien trop pressé. La circulation. Tes pas. Je vois cet amour que tu chamailles, ce passage à vide qui te vertige. Je patienterai jusqu’à la mort du passé. 


Pour ne pas être défaite par tes noirs trop intenses, je reconnais ce qui ne m’appartient pas. Tu ne veux pas morceler ce bonheur que je t’offre. Je ne veux pas être mise en mémoire. Ce n’est pas possible vivre comme ça. Je ne détiens pas tout. Il faudra encore du temps pour. Séparer. Ne pas te convaincre. Non. Cesser. De. Chercher. Ce qui. T’oublie.  Cette urgence qui à tout moment vient t’épuiser. Un réceptacle.  Ce code morcelé.

Qui m’entend. Et. Avoir. Tant. De compassion pour soi. Devient. Ridicule. Car. Inconsolable. Je cherche dans le miroir de mon âme et je trouve mon corps esseulé. J’ai compris. Me retenir. Ne fait plus de sens. J’étais bonne à tout faire sauter. Là. Je pressens. L’inutile de la démarche. Car. J’ai saisi. La vie poursuit la mort. Et la mort. Il faut l’enterrer.

Où es-tu? Que fais-tu? À quoi tentes-tu de ne plus penser. Tu dois. Savoir. Avoir peur. De. Me. Non. Ton cri étouffé n’en peu plus. Ne meurt pas. Trop merveilleux  pour sombrer. Chimiquement  indomptable. Je t’habillerai  jusqu’à la fin. 


23.9.10

mémoire de feu

Tu as devancé mon invitation.  La nuit rouge court. L’orchestre dissipé, tu reviens. Allons lire les rochers, s’évader des pilules. Retournons au pays des arbres bleus, cueillir les fleurs d’hiver. Leurs odeurs enivrent les araignées, les lierres amoureux. Nos champs magnétiques résonnent. Je voudrais être ta précieuse. 

Le temps s’étire. Un murmure s’éternise.
  
Être près de toi. Ne plus parler. Seulement sentir. Ces baisers infinis sur la bouche du  temps.  Prends moi, de dos, de balbutiements, de nuit. Conduis moi. Tu me. Je suis. Là. Tu as. En ce moment. Rien à exiger. Je te. Ancré. Une autre fois me cueillir. Te redire oui. Aussi. Savoir le silence. Me demande. Des peurs. Vieillir. Et. Reconstruire un rêve qui nous  ressemblerait.

Je sais. Que. Je. Ne. Suis. Pas. Mise en mémoire. L’impermanence de notre lien et sa durée, du même fuseau de feu, soleil qui se couche et se lève entre deux. Encore. Ensemble assurément. Au plus beau temps de nos vies. Au temps de savoir, ressentir et se taire, à ce grand silence qui nous épouse. Non. Plus. La détresse. Nous savoir. Là. Y être. Et. Ensemble. S’élever vers le ciel.  T’aimer au plus dessus de mes manques, au plus dessus d’être sans attente. T’aimer au ralentit, t’aimer inachevé. Immobiles mouvances amoureuses. Des lettres balbutiées pour nous. Je démarre. L’émission se prolonge, vers toi.  Battures, balises à l’aveugle, nous rendre. Et la peur ? Quelle peur ? La peur du noir ou de l’ours. La peur de me fracasser.  

21.9.10

le signe du souffle


Je ne sais plus être sage. Je figure des voltiges, nuées d’oiseaux, de chants jusqu’aux montagnes, marées et phénomènes. Je ne sais pas vivre les écarts brusques, ceux des meurtres ou des cataclysmes, des actes douteux ou renommés. Broyer du noir ? J’ai encore peur du Dieu qui veut tout savoir. Dieu s’écrira dieu. Chaque nuage en sera un. Je change la mécanique des bleus. Je ne veux pas savoir si je suis de ça ou de sureau. Je me conduis vers nous. Le sens n’est pas dans la tête. Plus nous réfléchissons, moins il y a en a. Alors ? Ces petits dieux ? Des nuages devant un ciel très bleu.

De la musique ! Je veux refaire l’hirondelle sur ta tête. Réunis sur ce bout de rêve, je chante. De loin, tu m’entends. Redevenons ces amants inséparables, écoutons le murmure de nos corps.  Dansons ensemble. Il arrive que nous n’ayons plus mal.  L’harmonie ce répand, se mélange à ces motifs délicats, moitiés sons et entendements. Derniers échos de nos ventres, mouvements immobiles, enlacements.

Lentement. Vivons l’un dans l’autre. Laissons-nous conduire à ces îles qui nous habitent.  

19.9.10

prise à


La veille du départ, Betty est venue lui dire au revoir. Betty? C’est l’araignée architecte.  
Ses pas trop doux effleurent le plancher. Le dessous de ses pieds est un autre sens. Nous avançons lentement vers ce qui ne sera plus. Ce soir débute cet autre temps.

À ma nuit, son océan résonne jusqu’ici. Je respire profondément. Je ne sais plus écrire. Je dois réapprendre à me vivre. Le silence impossible rejoue l’air des oiseaux, la musique de l’eau. Nous nouveau, au début d’une autre fois, ne prononcerions jamais les dernières paroles. 

À l’aube sur ton continent, je vis ailleurs. Le présent absorbe tout les temps. Je veux tuer les secondes qui passent, mais elles m’assaillent et m’assassinent d’abord.

17.9.10

pas à pas dire


Un secret. Nous sommes fais pour s’étendre sur le pain. Je le sens. Moi aussi, je peux avoir peur,  je veux aller vers elle, l’embrasser. Je veux vieillir en souriant, en riant, en étant avec toi, mon fou qui  m’a tant consolé. Nous nous retrouverons. Il n’y a aucun obstacle sur notre ciel. Rien. Rien, ni personne ne peut nous empêcher de nous réunir. Pas même le silence et le temps.

Les amours débutants sont des amours fébriles. Je t’aime vaste, le cœur que j’ai dans la tête est grand. La vie peut s’arrêter en un instant. Nous sommes mortels mon rêveur magnifique. À l’aube de ce commencement, dansons au rythme des chandelles et des doux vents du printemps.  Rejoignons-nous du coté des compléments. Je veux être un fruit, une flamme verte, bleue, blanche, crème, semblable à ces transparences de l’aube sur lesquelles je m’étale. Je suis habitée par toi, l’homme de nuit, de fêtes et de rires. Je ne veux pas douter de ce qui pourrait nous arriver. Je suis à portée de cœur, là, tout à coté. Au bout de ce chemin de quelques  heures.

Je suis celle qu’il me faut d’abord, ensuite, ça importe peu.  Je ne veux pas connaître la suite, je ne veux pas savoir ce qu’il adviendra de nous. Je veux respirer ce que me tend ta bouche. À portée de doigtés, cet âge amoureux ce joue. Allons là où nous ne pourrons plus reculer. Allons marcher sur les mains de la terre.

16.9.10

cassure

Je ne veux pas me briser sur toi. Pris dans tes frayeurs, tu poursuis ta quête de mourir. Tu me dis de partir. Je m’éloigne.  Ne pas. Ne pas dire. Ne pas communiquer.  Je suis estomaquée par cette façon de fuir. Ce ne pas dire et ses milliers d’interprétations 

 .Au bord de l’orage, je te regarde, tu ne me vois pas, tu doutes à peine de ma présence. Je dois protéger ma vitalité. Je ne veux pas tester sa fragilité.  Je choisis la route où aimer est plus facile. Je suis douée pour le bonheur . Je veux me dire et t’entendre. Nous sommes l’un   de l’autre.

Moi. T’as. C’est. Prends. Ce. Que. Tu. Ne. Dis. Les mots. Tu. A (un long  A).
Des clous. Qui vient clouer à cette heure ? Je vais à la mort et je ne pense plus. J’accepte de ne rien avoir dans la tête. Ne pas savoir, ni douter. Ne pas avoir peur. Être pas et allonger les microsecondes. L’exactitude de la fin? Le mouvement ne cesse jamais. Ça ne fatigue pas. Seulement. S’y abandonner.

14.9.10

le temps parcouru

Communion dans les bois, nous y sommes. Les loups sont nos ombres. Pour ce soir seulement, mêlons-nous de promesses. Tu me rêves de possibles. Reprenons. Je t’aime au-delà des papiers électroniques. Être loin de toi, c’est être trop. Je suis volatile, feu bleu, forêt d’étoiles, une sirène à l’opéra, marine poisonne, algues, macramés et nœuds, lune d’automne sur la mer refaite, éclats, miroirs sur l’eau. Mais avant.

Je révise les codes du bonheur. Je me repasse l’examen. Je dois apprendre les tempêtes. Naviguer sur des nuages troubles et ne pas sombrer. La vérité, je dois dire seulement la vérité de la solitude. Des nuages passent devant le soleil et ça fait du bien. Il. Les yeux fermés. Je marque d’un trait subtil le commencement d’une autre lumière. Car mon amour est sont, ça, ces, des paysages que nous habitons.

13.9.10

la clef de là

Je suis conduite ? Est-ce important ? Le sens. Il se découvrira. J’apprivoise l’eau. Le texte me donne tout les temps. Il arrive. Il est là. En clefs. Sur le sol. De face. Il avance. Qui est ce lui? Qui est ce je, ce tu? Et puis après ? Ne pas savoir? La production du sens est non sans défaut. Rebondir, sauter, s’élever; développer l’art de bien grandir. Se rendre vulnérable. Dire. Oui. Être complet. Sortir. Entrer dans son temps. Ne pas tout foutre en l’air. Aimer. Avancer. Ne rien faire. Reculer. La rythmique, la vie, ce n’est pas là pour s’embêter. Ne pas tout dire. Se taire. Et puis. Ne pas toujours s’envoyer en l’air.

Va. Cherche et te trouve. Lentement. Ma voix évapore le temps. Tes mots. En moi. Les demi-mots que j’élance. Un secret. Un mini cri perçant. Tu veux m’apprivoiser. Car. Toi aussi. Tu avances. Où. Qui devrait le savoir. Personne. C’est possible. Si. Ce tout rien de disparaître. Si nous ne faisions que ça. Après. Il n’y a rien. Après n’existe pas. Impossible d’être après. Tous ce joue là. Seulement. La musique s’ingénu à être un peu plus tard. Et puis ? Penser. Prévoir. Planifier. Prescrire. Vouloir. Entrevoir. Supposer. Est-ce vouloir du pouvoir ? Contrôler. Manipuler. Décider avant, pour qu’après soit comme on l’avait pensé, voulu ? Le possible doit-il s’arrêter? Je ne connais pas les réponses. Je ne sais pas comment vivre d’avance. Le présent est trop dense Même si. Lui. Persiste. À. Crever.