28.12.10

Lèvres ils


L-  Tu es là ?
E-  Oui.
L-  Alors ?
E - Oui.
L - Ces histoires infinies.
E - Il y en a trop.
L - Et puis ?
E-  Je ne sais pas.
L-  Tu ne sais pas quoi ?
E-  Dire presque tout avec presque rien.
L-  Trois mots… vas-y,  je t’écoute.
E-  Je t’aime.
L-  Je t’aime !
E-  C’est simple.
L-  Oui.

(Note de l’auteure.  Il est impossible pour eux de parler plus exactement. Vous aurez surement compris qu’ils sont  amoureux).


24.11.10

de l’autre un

Sous l’eau, nous découvrons la souplesse des roches. Tu deviens très beau. L’homme de grenouilles. Je ne croyais pas réussir à descendre si creux. Le fond du gouffre est lumineux. Le noyau de la mer éclate en milliers de poissons, ribambelles multicolores. Je rêve. Pas de place pour l’angoisse. Le noir existe-t-il ? J’apprends les chronos. Superposer. Monter et descendre les étages, dépressuriser, écrire pour le tuba, danser sous les palmiers. Toute bossa nova. Le soleil, le vent, la mer, le sel, les turquoises du tao. Éternels. 2000 battements de rayons sur le sable violet.

Cadences de vagues. Je courbe sur ton dos. Arrête sur ma peau, secondes de joie, rassemblés sous le ciel imparfait. Être du probable impossible. Là, près de nos os. À ne plus contredire le temps mort. Il ne presse pas. Sortons au ralentit de cette grande pièce vide. Encline à ne plus être de lieu. Sous les grands soleils dominants,  je veux te tisser, entendre ton souffle quand tu passes à traverse.  

19.11.10

orchestration du silence

N’hésitons plus. Nous n’avons qu’à nous conduire à la dérive. S’entraimer. Voltiger. Essayer nos arabesques. Nous étaler sur ce ciel vert transparent, hibou blanc, sapin noir, restes de nuit. Tenter. Au-delà du regard. En nous. Le nombre n’est plus fragile, j’arrime à un apaisement. Tu m’accueilles, une roche s’effrite entre mes zébrures. Je tends ma peau à cet avenir. Loin de ton arbre, l’astre gris redirige ce que tu contiens. Transitaire. À l’inexactitude.

Textures respirées. Roses. Criant chétif aux épinettes toutes pareilles. Forêt rouge. Quartz blanc. D’une terre rocheuse aux racines imparfaites, des pierres oubliées, je ne suis pas née sauvage, ni le suis devenue. J’ai rencontré un cendrillon. Il avait une barbe. Il ressemblait à un mélange d’ours-singe. Les chiens sont trilingues et ils ont des jobs de diplomates. Dans mon zoo, je rêve pacifique.  Je m’invente d’alarmes, cristal de roche. Je décrie être libre. Bouger immobile.  À ce sort de rêve, brutalité de savoir, j’apprends à ne plus prévoir l’impact fatal. Il n’y a pas de finale à la chute.

10.11.10

à l’obscurité de la recherche

Exode. Étire. Prolonge. Je veux ce moment pressentir.  Cet abri de sable, coquillages de larmes, soleil de pluie. Une tortue rouge pâle, tachetée argent. Stop les manœuvres.  Me reposer quelques minutes. Près d’une griffe de roche, conjoncture sauvage. J’aime quand ça gondole,  me détendre sous la boussole. Ne rien craindre.

Recommençons. Sur ces plages possibles, fragments et explosions miniatures, essais de langage, mots-corps, cousus de fils lumineux. Au sol de tes épaules,  je lis ta veine,  je vais à tes seins. Amant de l’est et des entretiens. Croître est une expédition.

Vocalises rugueuses. Coin de loupe. Dictionnaires intégrés. J’ouvre sur le cercle du noyau, les cerises du cerf, la chaine de montagnes céramique. Difficile de garder l’équilibre sur la pointe d’une pyramide. Je me sens dromadaire à Newyork. Femme châssis, fenouil, fleurs de curcuma, antennes de joie, franche des bois, gibbon. Arbre mâle, houppe, implants de données, Demeter ou Parques, loin de Hadès. Soyons pariétal de citrons. La parole a le plancher. Les pensées s’épanouissent. Nos enclos rapetissent. Ils éteignent les étoiles de plus en plus tôt.

24.10.10

la patience des oiseaux

J’ouvre sur ces fragments abandonnés, des pertes que je tente de résoudre. Je crie de partout, les cris ne s’entendent plus. Comment est-ce possible ? S’aimer autant que nous. Ce silence est une apparition. Là, à presque la suite.

Je ne peux pas encore te parler des fleurs. Ça vient de moi. J’ai absorbé ce besoin de. Juste. Être bien. Sentir. Savoir que tu es satisfait. Je veux jouer avec toi sur le toit de la chambre. Cet acte délicat de rapprochement, nos désirs palpables, ne pas soutendre leurs arrêts. Une nuit de lune blanche, avant l’aube, midi ou après la suite des gestes de ce rendre, nous saurons. Ma douceur te sera offerte, tu viendras. Échouer sur mon âge. J’ai envie d’être couverte avant l’hiver.

Je jardine dans la cuisine. Je bois de la terre. Des neiges roses tombent sur le plancher. Tant de pattes pour s’assoir. Je veux me laisser agir. Impossible de me confondre. La peur ? Je ne veux pas qu’elle nous éloigne. La vie est ce regard intérieur, des moments de guérison. Les odeurs descriptibles en un mot, c’est moi, oui, je suis libre. Ne pas m’enfermer dans les émois. Je ne connais pas de fleuves trop rapides. Je ne dois pas étirer ce bonheur. Ne pas penser à l’éloignement. Non plus à ce temps sans toi. Ne pas inventer ce qui serait différent de nous. 

La vie sait.

21.10.10

mirage réel

Tradition classique.Vue sur mer.Vague sous les soleils espiègles.Tu t’affales. C’est toi le lion sur la dune. Le farwest au ralentit. Le désert. Ce mirage en carton. En plus de marcher sur le sable rouge. Arrêtons. Rien ne presse de se rendre à mourir.

Allons vers ces danses oblongues, sur la grève sauvage où les vagues lentes apaisent la peur de rompre. Chaleur de l’eau saline, baiser infini, retransmission parfaite, je te sens border l’escale. Lèvres conforts, bateau, avion, pieds, mains. Mouiller pour ensuite toucher nos terres. Ritualiser. La vie est éphémère. Je me demande d’où provient ce sentiment d’être lié à toi. Interminablement.

Paisible, calme, sage, vieille ? Trop de maintenant à vivre. Initiatique. Ce soir est trop tard. Je ne danserai pas avec les ombres. Les talons de la pluie claque sur la fenêtre. Je m’échappe à notre rendez-vous. Démarre les tapis. Abandonne ta peur, elle sera dissoute. Le bonheur ? Il ressemble à cet orange de juillet.

18.10.10

escale à l'abandon

Vers la grande île s’illuminant la nuit, nous arrivons. Le jeune matin resplendit sous les néons verts de l’autoroute. Demain, les petits fruits étendus sur la plage seront des souvenirs étanches. Les bleuets, coquillages de mains et d’arbustes, mémoires de la nature que nous aurons laissées derrière nous, resteront intacts.  

Je veux te redire lentement ce qui me capture quand tu me regardes. J’aimerais me tendre à la paume de ton édredon, évaporer les derniers songes, découvrir la finale des mots, ceux que tu chantes en murmurant. Pour t’amener jusqu’à moi, je ne prévois rien, pas de plan aux creux de mes bras. Seulement le désir d’être là si là, au sol du fa. Te toucher, te sentir, te rendre plus beau.

Disons-le, cet amour est infini. Viens. Juste à mes hanches, reviens. Ensuite, ce sera à moi. Nous n’aurons plus besoin de parler, seulement entendre le chant satisfait de cet état naissant. Simple et complet. Nous ferons la suite de l’amour. Avant de vieillir, tu me diras oui, me couvriras de la douceur de ton souffle.

Je t’aime en silence, je te patine lentement, sur le café du matin je m’étale. Ta nature se mélange à moi. Il y a des odeurs de chats et de fleuve, des foins séchés, des lumières d’automne sur ta peau cachée. Je veux être la somme de tes pensées extatiques.      


Ne m'invente plus rare.