4.9.10

le corps au vent

Tu diriges ma main vers ta bouche. Nous sommes hors du temps calculé. Après l’effleurement, nous passons aux chuchotements de nos corps. Rien n’est brusqué. Il y a ta peau de sable, une porte transparente, le seuil d’un grand lit à défaire. Ton visage dans mes cheveux me dit. Approches-toi plus près. Tes caresses sont nouées à mes rires. Je t’enlace sans vouloir te garder. Je m’approche, tu t’éloignes juste ce qu’il faut. La cadence s’élève. Tu me tends ton arbre. J’ouvre. Nous sommes plus qu’un sexe.

Nous devenons les personnages principaux de cette peinture de Watteau; La gamme d’amour , 1729. Je tiens les partitions pendant que tu joues sur une guitare à 12 cordes. Tu tentes de déchiffrer les portées. J’ai l’impression que tu regardes vers le décolleté de ma longue robe orange. Je suis assise devant un buisson obscur et discret.
J’échappe ces papiers encombrants. Tu déposes ton instrument et tu viens me rejoindre au sol de cette clairière minuscule. La sérénade continue. Tu es si élégant.

3.9.10

La chambre des lunes


« danser c’est caresser la terre » Flore
Je m’offre sur la table infinie du temps.  Je cueille ces fruits minuscules. Ils tournoient au-dessus des peaux tunisiennes, aux sons des musiques océanes. Ce safari nocturne défile sur nos corps embués. Dansons la porcelaine sans se soucier de l’âge de la nuit. Nous sommes les maîtres imparfaits de ce cirque. Amusons-nous sous la lune verdâtre. La nuit se couvre des bleus que j’aime. Turquoise, acier, glacé, de Prusse...
L’histoire ne se répète pas.
Je dessine ces îles dans le ciel d’hiver. Complète ? Personne de peut déchirer l’image. Je souffle sur la vie et déplie la mémoire de la mort. La mort est subtile, la vie nous apprend comment la saisir ?